Volume 09 Issue 3, Automne 2018 Published Aug. 23, 2018 Air & Space Power Journal - Afrique et Francophonie, Air University, Maxwell AFB, AL CHOIX DE L’ÉDITEUR Coopération militaire et défense nationale au sein de l’Union européenne ; La consolidation de la paix et l’édification de l’État sous l’angle de l’évolution historique de la société internationale ; L’extrémisme islamiste violent ; Économie de guerre, gouvernance et sécurité dans les zones contrôlées par l’opposition syrienne ; et Le casse-tête de la coordination DDR Rémy Mauduit, rédacteur-en-chef et éditeur Fidèle à sa tradition, Air and Space Power Journal, Afrique et Francophonie (ASPJ–A&F) aborde dans ce numéro divers thèmes pertinents à notre temps et à nos lecteurs dans 185 pays. ARTICLES Coopération militaire et défense nationale au sein de l’Union Européenne Daniel Keohane Depuis le vote de juin 2016 tranchant pour le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, une multitude d’initiatives voient le jour afin de renforcer la coopération militaire au sein de l’Union. Dans cet article Daniel Keohane suggère que la coopération militaire européenne devrait plutôt être envisagée à l’aune de son utilité pour les politiques de défense nationale à travers l’Europe qu’au regard de sa relation avec l’OTAN ou de son rôle dans l’intégration européenne. Plus précisément, la position de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et de la Pologne sera un élément fondamental du succès à venir des opérations militaires de l’UE. Si l’Union aide ses gouvernements à mieux dépenser leur budget de défense et à renforcer leur coopération militaire, l’OTAN en tirera aussi avantage, car 21 pays resteront membres à la fois de l’Union et de l’Alliance. Or, cela exigera des gouvernements européens qu’ils mettent à profit les convergences et gèrent les divergences de cette juxtaposition de politiques de défense nationale. La consolidation de la paix et l’édification de l’état sous l’angle de l’évolution historique de la société internationale Hideaki Shinoda, PhD Dr Hideaki Shinoda examine le lien entre consolidation de la paix et édification de l’État en environnement post-conflit. Dans cet article, l’auteur illustre le processus d’expansion et de transformation de la « société internationale mondiale ». En comparant le processus de formation des États souverains en Europe à l’époque moderne et les activités d’édification de l’État dans les sociétés contemporaines post-conflit, il tente d’identifier les dilemmes soulevés par la consolidation de la paix à travers l’édification de l’État. Pour commencer, Pr Shinoda place son analyse sur le plan de l’ordre international global et se penche sur la société internationale mondiale et les écarts régionaux en matière de consolidation de la paix à travers l’édification de l’État. Il examine ensuite, sous l’angle des politiques d’édification de l’état, la question de la concentration du pouvoir et des limites d’un pouvoir concentré. Pour illustrer ses propos, l’auteur étudie la consolidation de la paix libérale et l’appropriation locale. Il conclut que l’édification de l’État post-conflit doit être envisagée dans le cadre d’un processus de reconstruction de longue haleine. L’extrémisme islamiste violent Nouveauté ou continuité des conflits ? Andrew Glazzard, PhD Sasha Jesperson, PhD Thomas Maguire, PhD Emily Winterbotham Les groupes extrémistes islamistes violents (EIV) comptent souvent parmi les acteurs des conflits civils. Drs Andrew Glazzard, Sasha Jesperson et Thomas Maguire et Emily Winterbotham soutiennent que des groupes puisent leurs origines dans le conflit et qu’au cours des 35 dernières années, des dizaines de milliers d’islamistes ont choisi de combattre au-delà des frontières de leur pays. Les groupes IEV seraient en mesure d’influer sur le conflit auquel ils participent et, à leur tour, ils seraient influencés par leur expérience. C’est pourquoi, pour les experts de la résolution des conflits et de la reconstruction post-conflit, la participation des groupes EIV pousse à se demander si les réponses traditionnelles sont encore adaptées. En se basant sur trois cas d’étude, le Nigeria, le Kenya et le cas de l’Irak et de la Syrie, les auteurs examinent les similitudes et les différences entre les groupes EIV et les autres parties du conflit, et en tirent des conclusions sur les mesures en faveur du développement, de l’édification de l’État et de la consolidation de la paix. Économie de guerre, gouvernance et sécurité dans les zones contrôlées par l’opposition syrienne Vesna Bojicic-Dzelilovic, PhD Rim Turkmani, PhD Dr Vesna Bojicic-Dzelilovic et Dr Rim Turkmani examinent les liens entre économie de guerre et sécurité civile en s’appuyant sur les constats tirés des trois zones tenues par les rebelles en Syrie. L’étude de la Ghouta orientale et des provinces de Deraa et d’Atareb montrent comment les différentes méthodes employées par les groupes armés non étatiques impliqués dans l’économie de guerre criminelle, façonnés par le contexte général de l’économie de guerre, impactent la capacité des populations locales à se sortir des affres sécuritaires. Leurs conclusions remettent en question le courant dominant dans la recherche sur l’économie de guerre selon lequel la sécurité civile est de toute évidence sapée par les transactions criminelles des rebelles alimentant l’économie de guerre. Les auteurs montrent que, à l’échelon local, un éventail varié de choix et d’acteurs donne à la population locale les moyens de développer de nouvelles stratégies d’adaptation en participant à des facettes différentes de l’économie de guerre. Le casse-tête de la coordination DDR Le cas du Soudan du Sud Guy Lamb, PhD Theo Stainer Dans « Le casse-tête de la coordination DDR : le cas du Soudan du Sud », Dr Guy Lamb et Theo Stainer analysent la coordination des activités de conception et de réalisation du processus DDR (désarmement, démobilisation, réintégration) conduites par les différentes parties prenantes. Les auteurs se réfèrent dans le détail au programme DDR en cours au Soudan du Sud qui, sur le continent africain, est emblématique des efforts internationaux et locaux visant à améliorer la coordination DDR dans un environnement fragile et complexe, sur le plan politique comme opérationnel. Les analyses montrent que la coordination au Soudan du Sud a souffert des structures et de dispositions organisationnelles pour le moins hiérarchisées, alambiquées et rigides. Sans compter que d’autres facteurs ont aggravé la situation, comme une mauvaise communication, des rôles imprécis et des responsabilités diluées, et enfin un accès inégal aux ressources financières. Ces conditions et la dynamique créée ont formé le terreau des tensions entre les organisations et ébranlé la confiance des différentes parties prenantes. Ce qui explique, au bout du compte, le bilan disparate et médiocre de la stratégie DDR. TÉLÉCHARGER LA REVUE