Volume 04, Numéro 4, Hiver 2013 Published Dec. 31, 2013 Air & Space Power Journal - Afrique et Francophonie, Air University, Maxwell AFB, AL Éditorial Identité nationale : e pluribus unum ou e pluribus ‘pluribus’? Rémy M. Mauduit La mondialisation a facilité les contacts entre les gens, leurs valeurs, leurs idées et leurs modes de vie, comme jamais auparavant. Les gens voyagent plus souvent et plus loin. Les médias, notamment la télévision, atteignent maintenant des familles vivant dans les zones rurales les plus reculées du globe. La mondialisation, d’après de nombreux experts, présente un défi inhabituel pour les identités nationales. Aujourd’hui, la société semble connaître une détérioration croissante des identités nationales par le biais de la mondialisation culturelle et économique. Articles Quelques réflexions sur l’exploitation du passé dans les forces armées Floribert Baudet, PhD Le présent article aborde la question de savoir si les organisations militaires exploitent pleinement les avantages qu’offre l’emploi d’historiens de formation, ce qui implique d’examiner également la façon dont les forces armées traitent le passé. Les organisations militaires continuent-elles, dans leur grande majorité, de traiter le passé comme reflétant le présent, constituant une réserve de connaissances aisément accessible de laquelle elles tirent des enseignements précis comme elles l’ont fait pendant la plus grande partie de l’histoire ? Qu’espèrent-elles exactement apprendre de l’étude du passé ? Cela correspond-il bien à ce que les historiens professionnels ont à offrir dans la mesure où on leur a généralement appris à remettre en question l’idée selon laquelle le passé peut offrir des conseils clairs et où ils sont habitués à l’idée de la liberté académique ? Existe-t-il des moyens d’optimiser l’exploitation du passé ? Vérité et Justice Établir un mécanisme approprié de responsabilisation en matière de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre en Afrique Kofi Nsia-Pepra, PhD La fin de la guerre froide précipita l’optimisme quant à l’avènement d’un ordre mondial pacifique basé sur les idéaux de solidarité internationale et de respect des droits de l’homme. L’optimisme naissant fit toutefois place au désespoir avec l’apparition de conflits désastreux entre groupes ethniques, religieux et politiques qui s’accompagnaient de violations généralisées des droits de l’homme, heurtant la conscience telles que meurtres, viols, nettoyage ethnique et autres actes d’agression contre les populations civiles, particulièrement en Afrique. L’Afrique de l’après-guerre froide, secouée de guerres civiles brutales prenant pour cibles des populations civiles innocentes, telles que le génocide rwandais en 1994. Les conflits africains sont responsables de plus de la moitié de tous les décès liés à la guerre dans le monde et ont produit des millions de réfugiés et de personnes déplacées. Distraction stratégique Les conséquences d’une négligence de la conception organisationnelle Colonel John F. Price Jr., US Air Force Il semble que quelque chose est arrivé à la notion de la conception lors du passage du monde de l’architecture, la fabrication et l’ingénierie au domaine du leadership organisationnel. Les principes clairs de la conception qui lui donnent une position vénérée comme fondateur de la réussite dans le monde technique sont, en quelque sorte perdus lorsque l’accent n’est plus mis sur des diagrammes et des tolérances micrométriques. Au lieu d’adopter une discipline qui apporte précision et aligne les actions organisationnelles, on s’aperçoit que ses normes rigoureuses deviennent souvent floues au point que la conception organisationnelle perd sa signification. Cette dévalorisation se traduit par l’incapacité des dirigeants à mettre pleinement en œuvre et exécuter la conception organisationnelle, ce qui laisse leurs institutions vulnérables à une distraction stratégique et à un désalignement. La guerre comme clé de la libération du potentiel d’atrocités massives Un réexamen du génocide rwandais Arthur N. Gilbert, PhD Kristina Hook Depuis l’apparition du terme génocide dans les années 1940, à des fins de classification de crimes précis commis avec l’intention de mettre fin à l’existence d’une ethnie, ce domaine d’étude constitue désormais un des plus divers et peut-être même celui qui divise le plus l’opinion académique moderne. Dans son étude classique Revolution and Genocide: On the Origins of the Armenian Genocide and the Holocaust, Robert Melson soutient que la guerre, la révolution et le génocide sont étroitement liés, car les régimes révolutionnaires tournent simultanément leurs énergies vers l’extérieur pour mener des guerres et vers l’intérieur pour exterminer les ennemis présents sur leur territoire. En dépit de l’influence du cadre conceptuel de Melson dans ce domaine de recherche, Daniel Jonah Goldhagen est d’un avis différent, soutenant au contraire que le génocide n’a pas grand-chose à voir avec la guerre. Selon lui, il a plutôt son origine dans les esprits qui sont à leur tour affectés par la culture et l’idéologie. Essais Une rue, un sanctuaire, une place publique et un stade Comparaison des lieux de contestation en Asie et au Moyen-Orient Teresita Cruz-del Rosario, PhD James M. Dorsey Un sanctuaire de la Vierge Marie sur un parking autrefois désert de l’Epifanio de los Santos Avenue (EDSA), symbolise le pouvoir du peuple philippin. Il se trouve au carrefour de l’avenue Ortigas, l’artère principale qui traverse les quartiers bourgeois, ainsi que les quartiers commerciaux et résidentiels internationaux de San Juan et de Pasig, presque jusqu’à l’Asian Development Bank. L’EDSA est la porte de Manille, un tronçon de 26 kilomètres de bitume et de béton qui traverse les huit arrondissements de la ville depuis celui de Caloocan au nord à celui de Pasay au sud. Ce n’est pas par hasard que le sanctuaire s’éleva à ce carrefour particulier et devint un lieu de pèlerinage laïque pour ceux qui étaient à la recherche d’une place pour leur vision morale.