Air & Space Power Journal

Volume 06, Numéro 4, Hiver 2015

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  • Air & Space Power Journal - Afrique et Francophonie, Air University, Maxwell AFB, AL
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Éditorial

Les organisations économiques régionales, la politique américaine après le printemps arabe, les pratiques et la guerre contre le terrorisme...

Rémy M. Mauduit
 
Fidèle à sa tradition, Air and Space Power Journal, Afrique et Francophonie (ASPJ-A&F) aborde dans ce numéro divers thèmes pertinents à notre temps et à nos lecteurs dans 185 pays.


Articles

Pourquoi les organisations économiques régionales assument-elles des missions de sécurité conventionnelles ?

Leann Brown, PhD
 
S’appuyant sur diverses publications théoriques et illustrations empiriques, la professeure Leann Brown explore la question posée dans le titre de son article : « Pourquoi les organisations économiques régionales assument-elles des missions de sécurité conventionnelles ? ». Après un bref examen de la littérature consacrée aux changements organisationnels, aux moments critiques et aux crises, elle subdivise les publications en trois groupes axés sur (1) les facteurs structuraux et autres facteurs liés au pouvoir, (2) les besoins fonctionnels et les facteurs institutionnels, et (3) les perspectives cognitives et constructivistes. Elle conclut que les facteurs structuraux et organisationnels représentent à la fois des possibilités et des contraintes pour les décideurs confrontés à une menace sécuritaire. Toutefois, la décision de transformer un acteur régional à vocation économique en une organisation de sécurité conventionnelle est directement influencée par la menace imminente et la nécessité fonctionnelle perçues par les décideurs.


Le nouveau visage des allies
La politique étrangère américaine après le printemps arabe

Khalil Marrar, PhD
 
Si les relations entre les États-Unis et Israël sont toujours aussi cordiales d’un point de vue rhétorique, elles ont, selon le Dr. Khalil Marrar, subi de profondes transformations au cours des dernières années. Dans son article il soutient que la stratégie de « pivot asiatique » de l’administration d’Obama, le « passage du printemps arabe à l’hiver islamique » et les enjeux géopolitiques dans la sphère d’influence respective de la Russie et de la Chine ont entraîné, à la lumière des mutations du contexte stratégique global et régional, une transformation fondamentale des engagements des États-Unis aux côtés d’Israël et de leurs autres alliés du Moyen-Orient, et plus particulièrement l’Arabie saoudite et l’Égypte. Par ailleurs, si la politique américaine reste exposée à l’influence de nombreux lobbys nationaux et aux pressions de l’opinion publique, l’approche américaine récente des affaires mondiales continue à accorder un rôle prééminent aux forces internationales. Le Dr. Marrar explique comment l’évolution de l’ordre préexistant a relégué au second plan les engagements des États-Unis à l’égard de leurs alliés du Moyen-Orient, et plus particulièrement d’Israël, et examine l’influence de ces transformations sur la politique intérieure encadrant les décisions de politique extérieure aux États-Unis. Cette approche mériterait sans doute une étude plus approfondie, mais l’auteur se concentre sur les effets du printemps arabe et de l’hiver islamique sur la politique américaine au Moyen-Orient et ses répercussions sur les groupes de pression représentant les intérêts des Arabes et des Américains musulmans.


Une guerre d’un nouveau genre
Pratiques et guerre contre le terrorisme

Christopher McIntosh, PhD
 
Le Dr. Christopher McIntosh avance que les États-Unis ont des difficultés à mettre un terme à ce qui a débuté comme une guerre contre le terrorisme et à ce que la stratégie nationale de sécurité 2015 décrit comme une guerre contre Al-Qaïda et ses groupes affiliés. Il affirme que ces difficultés ne sont pas tant dues à la qualité de l’ennemi qu’aux pratiques courantes associées à tout engagement dans une stratégie de guerre. S’appuyant sur la théorie de la pratique pour comprendre l’action des États-Unis, l’auteur identifie les défis rencontrés, affirmant que l’examen des pratiques de guerre habituelles de la stratégie américaine contemporaine révèle les nombreux problèmes qu’affrontent les États-Unis dans le conflit qui l’oppose à Al-Qaïda. Plus précisément, ces difficultés résultent des tentatives visant à corriger les comportements normaux ou attendus en temps de guerre par des actions plus efficaces face à la menace que représentent cette organisation terroriste et ses affiliés.


Le pétrole, moteur du changement institutionnel dans les pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord

Mohammed Akacem, PhD 
Dennis D. Miller, PhD

 
Dans un scénario improbable décrit cet article les professeurs Mohammed Akacem et Dennis D. Miller proposent un plan de privatisation du pétrole visant à transférer aux citoyens la richesse pétrolière détenue par les gouvernements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord afin de les responsabiliser. Les auteurs soutiennent qu’à lui seul, le pétrole n’empêche pas l’instauration d’une démocratie transparente et responsable. C’est au contraire l’absence d’institutions démocratiques saines assurant le respect des droits de propriété, établissant des systèmes judiciaires indépendants et renforçant l’état de droit, qui entrave la mise en place de gouvernements compétents. Une privatisation permettrait aux citoyens de bénéficier directement du flux de revenus issus de l’extraction du pétrole et du gaz naturel. Les gouvernements seraient alors contraints de taxer les citoyens pour générer des recettes et de justifier clairement leurs dépenses pour que les citoyens acceptent une fiscalité raisonnable. Ce transfert de pouvoir serait propice à la mise en place d’institutions démocratiques amenées à accroître la transparence et à réduire le gaspillage et la corruption endémique qui sévit dans les pays riches en ressources naturelles. Il apaiserait, en outre, les luttes interethniques pour le contrôle des gisements pétroliers, favorisant ainsi la paix intérieure et extérieure des pays et réduisant, par la même occasion, les interventions militaires des États-Unis dans la région.


Y a-t-il une justice pour les crimes économiques ?
La commission de vérité du Kenya

Kimberly Lanegran, PhD
 
La justice transitionnelle et les mesures de réconciliation ont été élargies pour remédier aux injustices sociales et économiques généralisées. Dans cet article la professeure Kimberly Lanegran examine la manière dont la Commission Vérité, Justice et Réconciliation du Kenya (2008-2013) a appliqué son mandat pour enquêter sur les violations des droits socioéconomiques et politiques depuis 1963. Elle résume les conclusions de la commission en se penchant plus particulièrement sur l’attribution abusive des terres et examine le conflit politique déclenché par le rapport. Elle conclut que, premièrement, les enquêtes portant sur un vaste éventail d’atteintes aux droits de l’homme sont susceptibles de fournir la preuve convaincante des liens existants entre les crimes économiques et politiques. Deuxièmement, les commissions de vérité, souvent incapables d’établir la véracité des témoignages individuels, ont du mal à identifier la nature de la vérité qu’elles ont « trouvée ». Troisièmement, le fait que les commissions s’appuient largement sur des sources secondaires ou des rapports existants remet en cause l’unicité de leurs contributions à la justice. Enfin, le traitement des injustices économiques peut susciter des réactions politiques véhémentes de la part de fonctionnaires impliqués dans des violations continues et persistantes de ce type.


Les défenses antimissiles et le contrôle des armements nucléaires stratégiques
Les défis technologiques et politiques

Stephen J. Cimbala, PhD 
Adam B. Lowther, PhD

 
Le Dr. Stephen J. Cimbala et le Dr. Adam B. Lowther soutiennent que l’annexion de la Crimée par la Russie et la déstabilisation consécutive de l’Ukraine ont entraîné une dégradation du contrôle des armements nucléaires entre les États-Unis et la Russie, associée aux différends qui opposent l’OTAN et la Russie sur la question des défenses antimissiles déployées en Europe. Une réduction des armements nucléaires stratégiques des États-Unis et de la Russie demeure néanmoins possible dans le cadre du nouveau Traité de réduction des armes stratégiques (New START). Une réduction progressive ou plus ambitieuse est également envisageable pour l’après New START dans les limites d’une dissuasion stable. En réalité, il est plus probable que de modestes réductions survivent à la politique intérieure des États-Unis et de la Russie. Les défenses antimissiles apparaissent comme des jokers dans le processus de contrôle des armes nucléaires, mais elles sont loin de changer la donne sur le plan technique. Elles jouent un rôle d’incubateur de défiance politique, tout au moins en Russie.


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