Volume 05, Numéro 1, Printemps 2014 Published March 1, 2014 Air & Space Power Journal - Afrique et Francophonie, Air University, Maxwell AFB, AL Éditorial Des gardes prétorienne aux armées nationales Rémy M. Mauduit Au lendemain des indépendances, les nouvelles autorités politiques africaines ont fait de l’armée le symbole par excellence de la souveraineté. La création d’une armée dans les nouveaux états apparut comme un symbole de souveraineté, un moyen d’assurer la défense et l’intégrité du territoire et une fondation pour l’édification nationale. Mais bien vite, l’institution militaire se dévoya, vicia le processus de construction d’un état de droit, étouffant dans divers pays toute forme de vie politique, sociale et économique au service du peuple. S’écartant de sa mission classique qui consiste à garantir la souveraineté et à préserver l’intégrité du territoire, l’armée insidieusement s’imposa comme instrument du pouvoir. Articles Changer l’acteur et non le jeu L’Homo Islamicus d’Ennahda Edward Webb, PhD Cet article est une première tentative visant à situer la philosophie économique d’Ennahda dans un cadre plus large de pensée islamique ou islamiste appliquée aux questions économiques. Il propose également une prévision relative à une limitation probable de la politique économique si Ennahda accède au pouvoir après l’actuelle période de transition. Cette prévision repose sur les antécédents de l’association patronale MÜSIAD et du syndicat Hak-Is en Turquie, dont l’idéologie m’apparaît en consonance avec celle d’Ennahda. Ériger des ponts ou des barricades Interrogation sur les identités ethniques en Afrique Temisanren Ebijuwa, PhD En Afrique, tout discours contemporain qui, dans l’explication de ses expériences, remettrait en cause la dimension postcoloniale irait à l’encontre de son historiographie. Les expériences postcoloniales renvoient ici aux activités de périodes interconnectées, qui, ensemble, déterminent et façonnent le futur et la destinée des peuples africains, tant sur le continent qu’en ce qui concerne la diaspora. Nous distinguons les périodes précoloniale, coloniale et postcoloniale. Toute discussion sur la situation de l’Afrique qui ne reconnaîtrait pas les activités interconnectées de ces périodes serait évidemment malavisée. La nuée, le nuage et l’importance d’arriver le premier L’enjeu du débat sur la culture de l’aviation téléguidée Maj David J. Blair, USAF Capt Nick Helms, USAF En dépit de toute l’encre qu’a fait couler la technologie des aéronefs téléguidés (RPA), la connaissance de leur culture en est encore à ses balbutiements. Poursuivant le débat sur cette culture, nous commençons par soutenir l’urgence d’une combinaison des systèmes pilotés et téléguidés dans la guerre aérienne. Nous maintenons ensuite que le facteur limitant la concrétisation d’un tel avenir n’est pas technologique mais culturel, c’est-à-dire que, tant que la communauté des aéronefs téléguidés n’aura pas trouvé sa voie ni sa place dans l’Arme élargie, une telle évolution de la puissance aérienne reste douteuse. La tâche qui nous attend ne nous demande pas de réinventer la force aérienne mais de la redécouvrir. Nombreux sont les grands de notre armée de l’Air qui ont beaucoup à dire sur la création d’une culture de combattants techniciens. La stratégie française en matière de défense européenne et sa relation avec l’OTAN Lieutenant-colonel Arnaud Gary, armée de l’Air française De la Communauté européenne de Défense, morte née en 1950, à la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), la France a joué un rôle de leadership dans la construction de la structure européenne de défense depuis sa création. Ce rôle de leadership contrasta avec celui que la perception de la joua dans l’OTAN, notamment après la sortie de la France du commandement de l’OTAN en 1966 par le général de Gaulle, décision que les États-Unis ont toujours appréhendé comme une contestation de leur suprématie. Bien avant la décision du président Nicolas Sarkozy de réintégrer totalement l’OTAN en mars 2009, la France a toujours eu un rôle particulier aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la structure de commandement de l’OTAN ainsi que dans la défense européenne. Les forces armées en Égypte Pacificateurs avec date d’expiration ? Witold Mucha Ahmed Khalifa Avec l’éviction du président égyptien Mohamed Morsi le 3 juillet 2013, les événements qui ont conduit à la démission du président Hosni Moubarak deux ans plus tôt semblaient se reproduire. Dans des contextes politiques très différents, les deux présidents ont été confrontés avant leur chute à des adversaires similaires : à la fois un mouvement de plus en plus populaire dans la rue et les responsables militaires qui allaient finir par se ranger du côté de l’opposition. Le rôle de ces derniers au cours de chacune des deux évictions fut l’objet d’analyses aussi bien de la part des responsables politiques que des experts et des médias. Plus particulièrement, le général Abdul-Fattah al-Sisi, commandant en chef des forces armées égyptiennes et actuel dirigeant de facto du pays, a suscité une certaine méfiance pour deux raisons. Essais Le confessionnalisme après le Printemps arabe Un spectre exagéré Barah Mikaïl, PhD Le confessionnalisme s’est amplifié à la suite des soulèvements populaires qui ont secoué le monde arabe. Les récents affrontements interconfessionnels qui suivirent la chute des gouvernants autoritaires arabes ont été provoqués par des désaccords idéologiques entre Islamistes et laïques, entre conservateurs et libéraux, ainsi que par des divisions religieuses entre Sunnites et Chiites, Musulmans et Chrétiens. Toutefois, la multiplication de tels affrontements à la suite des soulèvements de 2011 a également été attisée par des stratégies géopolitiques, des vides de pouvoir favorisant la réalisation d’ambitions et de programmes politiques. Alors que le confessionnalisme est réel et comporte des risques importants, il n’est pas le moteur principal des divisions qui règnent dans la région.